Voltaire – Candide

« Il n’ y a point de voyageur instruit qui, en passant par Leyde, n’ait vu la partie du reticulum mucosum d’un nègre disséqué par le célèbre Ruysch. Tout le reste de cette membrane est dans le cabinet des raretés à Pétersbourg. Cette membrane est noire, et c’est elle qui communique aux nègres cette noirceur inhérente qu’ils ne perdent que dans les maladies qui peuvent déchirer ce tissu, et permettre à la graisse échappée de ses cellules de faires des taches blanches sous la peau. Leurs yeux, leur nez épaté, leurs lèvres toujours grosses, leurs oreilles différemment figurées, la laine de leur tête, la mesure même de leur intelligence, mettent entre eux et les autres espèces d’hommes des différences prodigieuses ; et ce qui démontre qu’ils ne doivent point cette différence à leur climat, c’est que des nègres etdes négresses, transportés dans les pays les plus froids, y produisent des animaux de leur espèce, et que les mulâtres ne sont qu’une race bâtarde d’un noir et d’une blanche, ou d’un blanc et d’une noire, comme les ânesspécifiquement différents des chevaux produisent des mulets par l’accouplement avec des cavales.»