Christophe Colomb atteint l’Amérique : la soif de l’or

Deuxième idée : rejoindre les Indes par l’ouest. À l’époque, on commence à entrevoir que la Terre est sphérique. Après avoir échoué auprès du roi du Portugal (qui concentre ses efforts sur « la route du sud »), Christophe Colomb convainc la reine d’Espagne de financer son expédition.

L’Espagne est alors en pleine Reconquista. Après 400 ans de domination musulmane et de luttes, les forces chrétiennes achèvent de repousser les musulmans en Afrique (prise de Grenade en janvier 1492) et forcent les juifs à se convertir au catholicisme. Renforcé, le pouvoir royal catholique n’est pas insensible à l’idée d’aller porter « la bonne nouvelle » jusqu’en Chine. Il a également besoin de s’affirmer face à ses rivaux européens, le Portugal en tête.

En août 1492, Colomb part à la tête de trois navires à la conquête de la Mer Océane. Deux mois plus tard, il accoste aux îles Caraïbes : San Salvador, Cuba (qu’il baptise Hispaniola) et Haïti. Il ne sait pas encore qu’il vient d’atteindre l’Amérique. Plusieurs expéditions suivront, qui vont permettre aux Espagnols de se constituer un des premiers grands empires coloniaux de l’histoire moderne.

En 1494, le traité de Tordesillas, signé entre l’Espagne et le Portugal sous l’égide du pape, établit le partage des terres amenées à être découvertes. Aux Portugais toutes les terres situées à l’est du 50e méridien de longitude ouest, aux Espagnols toutes les terres situés à l’ouest. C’est en vertu de ce traité que le Brésil reviendra aux Portugais et que les Espagnols ne s’aventureront pas sur les côtes africaines et ne tarderont pas à lancer leurs offensives sur le continent américain depuis Cuba, en prenant pied en Amérique centrale.

Contrairement aux Portugais qui se déploient lentement sur les côtes du Brésil (vaste étendue au climat tropical humide difficilement pénétrable), les Espagnols imposent très rapidement leur présence dans les îles des Caraïbes. Ils fondent des villes, des plantations agricoles et des exploitations minières dans lesquelles ils emploient de force les Indiens pour surseoir aux besoins de main-d’œuvre. Grâce à une forte centralisation administrative et à un régime d’exploitation – les encomiendas – hérité du servage médiéval, ils s’assurent la domination des territoires conquis et orientent leurs efforts vers la recherche d’or.

Vers 1520, l’exploitation des mines des îles Caraïbes s’essouffle. Les Espagnols décident d’entreprendre la conquête du continent, attirés par les immenses richesses pressenties lors des premiers contacts établis sur le continent. Les « conquistadores » s’enfoncent en Amérique centrale. L’un deux, Cortes, découvre la civilisation aztèque et prend la ville de Mexico en 1521. Pizarro découvre, au sud, le Pérou et la civilisation inca en 1526. Une expédition atteint la Californie en 1536, le Paraguay en 1537.

Titulaires d’une licence assortie de privilèges sur les territoires conquis délivrée par la royauté, les conquistadores prennent position sur tout le continent sud-américain, Brésil excepté, en moins d’un quart de siècle. La recherche de gisements aurifères est au cœur de leurs motivations. Les richesses et les trésors accumulés par les Incas et les Aztèques ne témoignent-elles pas de la présence d’immenses richesses ? Ainsi naîtra le mythe de l’Eldorado, qui poussera certains conquistadores aux confins de ces terres.

L’Espagne ne tardera pas à récupérer la tutelle pleine et entière de ces territoires, en créant, dès 1524, le « Conseil des Indes » pour les administrer. Elle impose sa présence en développant le même système qu’elle a éprouvé dans les îles : très forte centralisation et contrôle bureaucratique, création de routes et de bâtiments administratifs, implantation systématique de plantations agricoles et exploitation des mines (or, argent) dans lesquelles elle fait travailler de force les populations indigènes soumises. Un système qui perdurera pendant près de trois siècles et qui assurera à l’Espagne le contrôle du plus vaste territoire jamais conquis par une puissance occidentale.