Le milieu et les conditions climatiques ont façonné la plupart des caractéristiques morphologiques visibles des individus…
Le processus se nomme l’adaptabilité et le résultat, l’adaptation morphophysiologique. En témoigne l’étroite relation existant entre les couleurs de peau moyennes à travers le monde et les latitudes des régions habitées ainsi qu’entre les statures moyennes (ici masculines) des populations et le type d’environnement occupé.
Des caractéristiques semblables peuvent ainsi se retrouver dans des populations très distantes n’ayant pas de contacts directs entre elles. Ces effets de « convergence » empêchent de déduire des liens de parenté entre les populations sur la base de ce type de caractère.
Des caractères comme la taille, la couleur de la peau, les proportions du corps et peut-être certains traits du visage sont donc des indications des types de milieux fréquentés par les derniers ancêtres des humains actuels.
Les peaux foncées se retrouvent dans toutes les populations originaires de la zone intertropicale, que ce soit en Afrique, en Inde, en Australie ou en Mélanésie.
Les peaux claires, au contraire, proviennent des régions tempérées froides, que ce soit en Europe ou en Corée ; l’éclaircissement de la peau, selon un processus darwinien vise à faciliter la synthèse de la vitamine D dans des régions peu ensoleillées.
Les populations des zones très froides sont petites et très trapues, que ce soit au voisinage des pôles ou en très haute montagne, dans les Andes ou l’Himalaya. On sera, par contre, très grand et plutôt mince quand on vient des déserts chauds, et de taille moyenne, aussi bien dans les savanes que dans les prairies tempérées.
Toutefois il ne faut pas, non plus, trop se fier à ce type d’adaptations, car nous avons déjà vu que certains caractères, comme la taille, changent extrêmement vite (en quelques générations dans certains cas) et parce que certaines populations ont pu bouger récemment, en changeant d’environnement. C’est le cas, par exemple, des très grands Tutsi du Rwanda et du Burundi, vivant en savane équatoriale, mais originaires du Haut Nil, ou bien des Polynésiens, beaucoup plus grands et clairs de peau que ce que l’on pourrait attendre dans les latitudes et les environnements qu’ils fréquentent.
Une gamme ininterrompue de variations
Il existe une gamme ininterrompue de variations brunes de couleur de peau entre les individus les plus clairs et les individus les plus foncés qui existent dans le monde.
Ce que nous apprend la répartition des couleurs moyennes de peau.
La répartition des couleurs moyennes de peau à travers le monde (avant que Christophe Colomb n’atteigne l’Amérique et avant les grandes migrations modernes) indique que les populations à peaux les plus foncées se répartissent dans les zones intertropicales de tous les continents.
De la même façon, les populations ont la peau claire lorsqu’elles viennent des régions froides (de l’hémisphère nord, comme de l’hémisphère sud).
Enfin, les populations des zones intermédiaires, comme les Philippins, certains Arabes, ou beaucoup d’Indiens, ont des colorations intermédiaires, sans que ce soit dû à des métissages dans la plupart des cas.
Des adaptations au climat indépendantes dans les diverses régions géographiques, ont sans doute été responsables de la diversification de ce caractère au cours de l’histoire du peuplement du monde.
Pourtant, contrairement à la taille, la couleur de peau ne varie pas, sous nos yeux, des parents aux enfants mais sur plusieurs générations même sans métissage. Elle est moins sensible à l’action directe du milieu et diverses raisons nous laissent penser qu’il a fallu de vingt mille à quarante mille ans pour que certaines populations passent du foncé au clair, ou inversement.
La mélanine
Les couleurs de peau variées sont dues à un seul pigment brun, la mélanine, présent en quantité variable, et aggloméré en amas de grains plus ou moins serrés dans les couches profondes de l’épiderme.
Les couleurs de peau peuvent varier entre individus d’une même population.
Il n’y a donc pas des catégories distinctes de couleurs de peau, mais une variation qui va, de manière continue, des individus les plus foncés des populations à peau foncée, aux individus les plus clairs de populations à peau claire (un cline).
Aujourd’hui du fait de l’histoire de la population française, comme de celle de beaucoup d’autres pays, les populations sont multicolores.
Dans chaque population, il y a des gens de toutes les tailles :
Mais chacun sait aussi que certaines populations sont, en moyenne, beaucoup plus grandes, ou plus petites, que d’autres ; ce qui compte dans ce cas, c’est la distribution des valeurs autour de la moyenne = la variance.
Un homme d’un mètre cinquante ou une femme d’un mètre quarante sont dans la juste moyenne des Pygmées, des Inuits, de certains Amérindiens des Andes ou des Indonésiens.
Par contre, un Ecossais ou une femme Tutsi du Rwanda seront petits s’ils mesurent moins d’un mètre soixante-dix.
On sait aussi que la taille des humains s’est accrue, au cours du dernier siècle, dans toutes les régions industrialisées et urbanisées de la planète.
Les hommes d’aujourd’hui ne rentrent plus, à plus de dix centimètres près, dans la plupart des armures du Moyen-Âge, et les étudiants de l’Université de Genève mesurent, en moyenne, deux centimètres de plus que leurs parents de même sexe.
Pourtant, ce sont bien ceux-ci qui leur ont transmis leur patrimoine génétique et leur façon de s’alimenter.
Il y a donc eu des changements dans la façon de vivre qui, à partir d’une même hérédité et des mêmes habitudes alimentaires, ont produit des individus plus grands (accroissement diachronique de la stature lié aux changements du mode de vie…).
La longueur du corps humain n’est évidemment qu’un cas particulier et toutes nos autres dimensions varient d’un individu à l’autre, et d’une population à l’autre.
Influence du milieu
La répartition des statures moyennes masculines à travers le monde peut être mise en relation avec la diversité des environnements habités par les populations.
Bien que de nombreuses exceptions existent, les tailles moyennes les plus élevées s’observent principalement dans les zones tempérées froides ou les déserts chauds, les tailles les plus basses dans les environnements polaires ou les forêts équatoriales, et les tailles intermédiaires dans les milieux de prairie ou de savane.
L’aspect physique des groupes humains ne nous renseigne donc pas sur leur parenté.
C’est au contraire la source de ressemblances trompeuses entre des populations parfois séparées depuis longtemps, mais qui ont acquis des caractères semblables par sélection naturelle dans des milieux qui se ressemblaient. De telles similitudes artificielles sont ce que l’on appelle, en biologie, des convergences.
Le fait d’avoir la peau foncée est, par exemple, une convergence entre les populations qui ont passé la fin de la Préhistoire dans la zone intertropicale, que leurs derniers ancêtres communs soient proches ou très anciens.
Influence des migrations et du degré d’isolement sur les fréquences génétiques
Il y a 18 000 ans, pendant la dernière grande glaciation, la rétention d’eau dans les glaces polaires s’est accompagnée d’un abaissement de 120 mètres du niveau des mers, rattachant le Japon et l’ensemble des îles d’Asie du Sud-Est au continent asiatique, ainsi que la Nouvelle-Guinée à l’Australie.
Les migrations humaines ont été facilitées par la création de ces ponts terrestres.
En revanche, le désert du Sahara était beaucoup plus étendu qu’aujourd’hui, limitant les contacts entre l’Afrique et le Proche-Orient ou l’Europe.
L’isolement momentané des populations d’Afrique du Sud et de l’Ouest peut expliquer leurs fréquences génétiques particulières : tout isolement accélère les changements génétiques par le mécanisme de « dérive ».
Influence du milieu et du climat
Le milieu et les conditions climatiques ont sans doute façonné la plupart des caractéristiques morphologiques visibles des individus dans les derniers 20 000 ans de la Préhistoire.
En témoigne l’étroite relation existant entre les couleurs de peau moyennes à travers le monde et les latitudes des régions habitées… ainsi qu’entre les statures moyennes des populations et le type d’environnement occupé.
Des caractéristiques semblables peuvent ainsi se retrouver dans des populations très distantes n’ayant pas de contacts directs entre elles.
Ces effets de « convergence » empêchent de déduire des liens de parenté entre les populations sur la base de ce type de caractère.