L’exemple des groupes sanguins témoigne bien des différences cachées qui peuvent exister entre les hommes.
Ainsi, au sein d’une même famille, il arrive parfois que le groupe sanguin de chaque membre soit incompatible avec celui des autres, alors même qu’il pourra recevoir du sang d’individus physiquement très différents de lui, tout du moins éloignés familialement parlant.
Pour que le sang de l’un puisse sauver l’autre, il suffit uniquement que leurs groupes sanguins soient compatibles, peu importe que le donneur soit de type asiatique, africain, européen…, le receveur européen ou polynésien.
Il existe donc bien des différences cachées qui vont souvent à l’encontre des différences apparentes et qui, si elles sont analysées, peuvent même révéler des points communs biologiquement essentiels (tels que le groupe sanguin) entre individus de populations pourtant éloignées géographiquement et aux caractéristiques physiques dissemblables.
Le système génétique offre un exemple particulièrement édifiant de ces différences cachées mises en lumière par la science.
Répartition des êtres humains entre quatre groupes sanguins. Possibilité de recevoir du sang de certains seulement, et d’en donner seulement à certains autres. Seul élément essentiel pour une transfusion sanguine : la compatibilité des groupes sanguins, indépendamment de toute notion d’origine du donneur et du receveur. Fréquente incompatibilité des groupes sanguins entre membres d’une même famille, ainsi qu’avec beaucoup de gens à qui l’on ressemble plus ou moins. A contrario, possibilité de recevoir du sang d’individus physiquement très différents. Il existe donc, entre nous, des différences cachées, que seules des analyses de laboratoire, souvent compliquées, permettent de révéler. Importance de ces différences cachées qui, comme pour l’exemple des groupes sanguins, peuvent signifier la vie ou la mort.
Classer les populations : un casse-tête sans solution, les critères de classement ne se recoupent pas. Des regroupements par origine géographique ou par groupe sanguin ne correspondent en rien. La prédiction du groupe sanguin impossible à partir d’indices visibles du physique d’un individu. Le groupe sanguin d’un individu est sans corrélation avec son apparence physique et avec quelconque ressemblance.
Chaque individu possède, dans chacune de ses 60 000 milliards de cellules, une véritable carte d’identité génétique, organisée en une sorte de message composé à son tour de trois milliards de lettres successives répartis en 23 paires de chromosomes.
Chaque être humain est légèrement différent d’un autre (0,1% des 3 milliards de lettres) – on parle de variation. On ne peut donc, à l’exception des vrais jumeaux, rencontrer deux individus génétiquement identiques.
Le gène : un message écrit dans un langage codé et contenu dans l’ADN.
L’ADN de chaque individu : 3 milliards de signaux A, T, G ou C, portant une information encore peu connue, soit l’équivalent d’environ un millier de volumes de gros dictionnaires…
A titre d’exemple, chaque individu peut posséder l’une des multiples variantes des gènes ABO, Rhésus, HLA, etc. sur chacun des deux chromosomes de chaque paire (nog, n01, n06, etc.).
Il existe ainsi des milliards de « mosaïques » génétiques possibles, avec lesquelles le patrimoine génétique de chacun d’entre nous peut être constitué.
La probabilité d’observer deux individus génétiquement identiques est donc nulle, sauf s’il s’agit de vrais jumeaux.
Quasi-impossibilité de trouver un donneur d’organe parfaitement compatible car :
Chaque cellule a sa carte d’identité génétique.
Les combinaisons possibles de cette carte d’identité sont tellement nombreuses qu’il est impossible, à l’exception des jumeaux, d’en trouver une copie conforme.
D’où la nécessité de trouver des donneurs et receveurs d’organes les moins différents possible en termes de système génétique HLA (Human Leucocyte Antigen).
Or, cette proximité génétique permettant la tolérance de la greffe est indépendante des questions d’origine et d’apparence.
Ainsi, certaines des premières greffes du cœur réalisées ont été effectuées entre «Noirs » et « Blancs » avec succès : preuve que notre diversité génétique ne s’encombre pas des différences d’apparence.
Des individus d’une même population vont partager certaines de ces variations car ils ont une histoire généalogique en commun.
Certaines de ces variations en commun sont différentes d’une population à l’autre ; elles se mesurent en terme de fréquence. Elles permettent de retracer l’histoire des populations.
Mais pour l’essentiel, on retrouve ces variations dans toutes les populations humaines de façon plus ou moins fréquentes. Une même variation peut exister dans les populations très différentes et très éloignées entre elles.
Pas de gènes strictement spécifiques à une population constituant un marqueur d’identification
Non-existence de gènes spécifiques à la couleur de la peau tels que « gènes noirs », « gènes blancs » et « gènes jaunes ».
La plupart des gènes connus sont présents partout.
Ils sont simplement plus ou moins rares selon l’origine géographique des populations.
Dans certains cas, les différences de fréquences sont grandes, mais le même gène peut exister dans des populations très différentes et très éloignées entre elles.
Dans d’autres cas, les fréquences sont pratiquement égales dans toutes les populations.
Certains chercheurs voulant décrire les gènes des Noirs, des Jaunes, des Blancs s’étonnent de découvrir que des « gènes prétendument spécifiques aux Blancs » sont fréquents chez les populations asiatiques ou africaines, et inversement.
Des milliers de gènes différents se retrouvent, plus ou moins fréquents, dans toutes les populations du monde.
Celui qui est très rare ici sera plus fréquent là, et encore plus ailleurs.
Mais on n’a pas encore trouvé de gène qui soit présent chez tous les individus d’une population et absents de toutes les autres populations.
Les « marqueurs génétiques » qui prétendent déterminer l’origine d’un individu d’après une analyse n’offrent aujourd’hui qu’une probabilité en guise de résultat.
Il s’agit en général :
Ils ne révèlent donc qu’une présomption d’appartenance du sujet à un groupe donné et ne constituent pas une preuve.
Les classifications que l’on peut faire des populations restent donc arbitraires, et variables selon les gènes que l’on utilise pour le faire.