La Révolution française

Parce qu’elle occupe une place à part dans l’imaginaire des révolutionnaires et dans l’histoire de la France moderne, un chapitre sur la Révolution française s’avérait indispensable.

Portée par la philosophie des Lumières, cet événement a mis fin à la monarchie, et proclamé la « déclaration des droits de l’homme et du citoyen ». Elle a aboli les privilèges et donné à la France la devise « Liberté, Egalite, Fraternité ». Mais elle n’a accordé aucune attention au sort des esclaves et s’est bien gardée de porter atteinte au système colonial, en dépit des actions menées en son sein par l’abbé Grégoire, un député membre de la Société des amis des Noirs, fervent défenseur de la cause abolitionniste. Il porte notamment devant le parlement une lettre rédigée par Condorcet intitulée, « Au corps électoral, contre l’esclavage des Nègres ».

La Révolution française et les colonies :

Lors de la Révolution française, l’abolition de l’esclavage et de la traite est revendiquée par nombre de députés des États généraux, comme l’abbé Grégoire, Lafayette, Condorcet, Marat, La Rochefoucauld ou Mirabeau. Ce débat occupe la scène politique, sans pour autant que soient réellement contestés le principe et le droit de « colonisation ». Sous leur impulsion, l’article 1er de la Déclaration des droits de l’Homme (août 1789) interdit implicitement l’esclavage. C’est oublier son Préambule, jamais cité, toujours oublié, précisant que la déclaration s’adresse à tous les « membres du corps social »  dont ne font pas partie les esclaves. C’est oublier aussi l’article 17 et dernier, qui, disant le caractère sacré de la propriété, maintient implicitement dans « ses droits » le propriétaire de ses biens meubles que sont les esclaves. Quoi qu’il en soit, les principes de 1789 ne sont pas appliqués dans les colonies et le décret du 15 mai 1791 n’accorde la citoyenneté qu’à une infime minorité d’esclaves. Il faut attendre le 4 février 1794 pour que l’Assemblée, par acclamation, abolisse explicitement l’esclavage. Le 22 août 1795, les colonies sont « soumises aux mêmes lois constitutionnelles » que la métropole. Ces réformes républicaines, fondamentales, seront annihilées à l’arrivée de Napoléon Bonaparte au pouvoir.

On a dit, dans le paragraphe précédent, les obstacles à la lutte contre l’esclavage.

Quelques chiffres concernant les colonies françaises :

500 000 esclaves à Saint-Domingue. 700 000 esclaves à la Martinique et à la Guadeloupe. Une traite française qui est à son apogée entre 1783 et 1793. La France développe intensément ses activités dans les colonies. Elle ambitionne de devenir le pourvoyeur de l’Europe en sucre et café.

C’est par les armes que les révoltés de Saint-Domingue obtiendront leur liberté, et contraindront les députés de la jeune République à proclamer dans la foulée l’abolition de l’esclavage dans toutes les colonies pour calmer les esprits (convention du 4 février 1794).

Saint-Domingue est l’une des trois îles des Antilles françaises, d’une richesse exceptionnelle qui la fit appeler « Perle des Antilles ». D’août 1781 à juin 1794, de nombreuses révoltes éclatent et ensanglantent l’île. En août 1793, Toussaint Louverture, un affranchi devenu propriétaire terrien, s’impose comme chef de la rébellion et prend le contrôle de l’île.

Une parenthèse historique qui sera de courte durée.

Au lendemain du coup d’État du 9 novembre 1799, l’Empire colonial français subit la pression de « l’ennemi héréditaire » britannique et la Martinique passe sous son autorité. Napoléon Bonaparte rétablit la situation prérévolutionnaire dans la Constitution de décembre 1799. Il exclut ainsi les colonies de la « loi commune » pour les faire revenir sous les « lois d’exception ». Au même moment, Saint-Domingue se libère de l’esclavagisme français. Napoléon Bonaparte décide alors de rétablir l’esclavage (il n’interdira la traite qu’en mars 1815, à quelques semaines du Congrès de Vienne) et remet en vigueur, le 20 mai 1802, le Code Noir. Avec la loi du 3 juillet 1802, il prône l’interdiction aux « hommes de couleur » d’entrer en métropole. Enfin, il engage deux flottes pour rétablir l’ordre en Guadeloupe et à Saint-Domingue. Toussaint Louverture est fait prisonnier et déporté et emprisonné en France dans le Jura, où il mourra de froid et de faim en 1803. Mais, grâce à la résistance farouche des esclaves et des insurgés, cette reconquête coloniale se solde par un échec cuisant à Saint-Domingue, marqué par son accession à l’indépendance, le 1er janvier 1804, sous le nom de République d’Haïti.